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Piet Oudolf, le paysagiste du naturel

Sommes-nous dans un jardin ou dans une lande ? Les parterres de Piet Oudolf sont des paysages vivants en toute saison.



Ses compositions de plantes illustrent régulièrement des revues anglaises comme The Garden ou Gardens illustrated. Le néerlandais Piet Oudolf figure parmi les paysagistes actuellement sur le devant de la scène. Après avoir dessiné des jardins publics et privés partout en Europe, ce sont ses projets aux États-Unis qui retiennent désormais l’attention. Piet Oudolf  a été choisi pour créer les Jardins du souvenir à New York, un espace de recueillement proche de l’emplacement des tours du World Trade Center anéanties le 11 septembre 2001. Dans la foulée, il crée le parc du millénaire à Chicago. Il végétalise aussi High Line, une ligne aérienne de métro à New York.

Ses projets, Piet Oudolf les crayonne dans son petit bureau niché dans la campagne hollandaise. Anja et Piet Oudolf se sont installés il y a une bonne vingtaine d’années dans une ancienne ferme à Hummelo, dans la région d’Arnhem. Autour des bâtiments, les parterres nous plongent dans l’ambiance particulière des espaces créés par Piet qui s’inspire des paysages. "Des paysages mais aussi de l’émotion que, par moments, la nature vous offre et qu’on peut essayer de transposer dans son travail. Vous ne pouvez bien sûr pas copier la nature mais bien les sentiments qu’elle vous procure”, explique ce sexagénaire souriant, du haut de son mètre nonante.

En bosquets

Quels sont les grands traits du style de Piet Oudolf ? Quand il plante un parterre de la même surface qu’un mixed border à l’anglaise, il ne crée pas une palette dense de couleurs vives. Il n’y a pas de rosiers, pas d’hortensias, pas d’arbustes. La couleur en hauteur est seulement assurée par l’une ou l’autre grande vivace. Les plantes de grande taille ne manquent effectivement pas, même à l’avant-plan des plates-bandes. Quand elles se développent en bordure des chemins, nous devenons le Petit Poucet perdu dans la forêt. Plutôt que de dominer toutes les plantes, le jardinier est invité à s’insérer dans la végétation. “Pour moi, précise Piet Oudolf, des plantes ne sont jamais assez hautes. Mais je ne disperse pas les géantes partout n’importe comment. Dans les grands espaces, elles ont surtout une utilité en tant que point d’ancrage pour le regard.”

Où que l’on regarde, une atmosphère naturelle est présente. Pour Piet Oudolf, une plate-bande, ce n’est pas une collection. “Les plantes vivaces sont considérées par beaucoup comme des individualités qui se juxtaposent. Il reste une place libre, on y met une vivace de plus… J’utilise plutôt les vivaces en larges bosquets de la même espèce. Pour moi, ces ensembles ont la même importance dans la structure d’un jardin que les arbustes et les arbres.”

Mortes mais toujours belles

La couleur des fleurs n’est pas un but en soi mais un moment dans l’année d’un jardin qui doit être riche d’émotions au fil des saisons. Voilà pourquoi Piet Oudolf utilise beaucoup de vivaces à beaux feuillages, en mélangeant les nuances de couleurs comme le pourpre. Il emploie aussi une quantité de plantes avec des inflorescences qui créent de la verticalité. Les épis forment un contraste avec les masses indéfinies de végétation. Beaucoup de ces plantes ont la particularité de conserver leurs tiges sèches dressées pendant l’hiver. Pour Piet, pas question de couper ces hampes florales après floraison. Elles habilleront le parterre pendant toute la morte saison, attirant le regard les jours de givre.

Et puis, les jardins de Piet Oudolf n’auraient pas cette atmosphère si particulière sans les écrans transparents, des tiges et feuilles fines qui laissent passer le regard, comme dans une prairie. Piet Oudolf utilise une large diversité de graminées. Certaines apportent surtout une densité tant elles sont fines. D’autres développent de belles inflorescences aussi décoratives que des corolles. Les graminées ont autant d’importance que les vivaces. “Elles apportent aux autres plantes un véritable rayonnement au jardin. J’ai dû apprendre à travailler avec les graminées. Auparavant, elles étaient seulement utilisées de manière isolée, pour l’ornement dans un style architectural. Moi, j’essaie de les intégrer dans la configuration générale du jardin” explique-t-il avec un coin de sourire modeste. Car l’homme n’impose rien. “C’est bien sûr discutable”, glisse-t-il souvent dans ses explications. Loin de jouer au gourou, Piet Oudolf nous propose simplement de considérer nos jardins autrement.  “C’est une question de regard. Si vous apprenez à regarder et à apprécier votre jardin au fil des saisons, vous allez penser différemment des livres de jardinage.”

Portes ouvertes

Le jardin privé de Piet Oudolf à Hummelo ouvre ses portes au public. Anja anime sur place la petite pépinière proposant les plantes les plus utilisées par son mari. Cette pépinière est un jardin à part entière car les plantes sont disposées de manière dessiner un grande parcelle à l’allure sauvage. Dans les travées, on parle néerlandais, anglais, allemand ou français car Hummelo, un peu à la manière des grands jardins anglais, figure parmi les destinations qui font rêver. Au bout de la pépinière, il faut s’aventurer dans les allées de présentation. Les plantes du catalogue y sont cultivées en pleine terre, ce qui permet de prendre conscience de toutes leurs caractéristiques lorsqu’elles sont pleinement développées.

Piet et Anja Oudolf, Broekstraat, 17 à 6999 DE Hummelo (près d’Arnhem).
Pépinière ouverte du 1er avril au 30 juin et du 1er août au 31 octobre, du mardi au samedi, de 10 à 16 h. Fermeture en juillet. Du 1er novembre au 31 mars : sur rendez-vous uniquement.
Infos : tél. 0031.314.38.11.20 ou www.oudolf.com.
 

 
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