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Les bourdons du jardin

La beauté d’une plate-bande fleurie n’est pas accomplie sans la présence d’une multitude d’insectes butineurs profitant du nectar offerts par tant de corolles. De tous ces vendangeurs de rosée, les bourdons sont les moins discrets.



Dès la floraison des perce-neige, il suffit d'une belle journée ensoleillée pour que leurs corolles en forme de goutte soient visitées par des abeilles et des bourdons. Butinant ensuite les crocus, les cerisiers du Japon et toutes les floraisons qui se succèderont jusqu'aux premiers froids, les insectes sont sans cesse présents au jardin. Si les abeilles ne retiennent pas toujours notre attention, il en est tout différemment des bourdons dont nous pouvons suivre à l’oreille le vol pataud au fil des floraisons des plates-bandes. Autant la vue d’une guêpe peut provoquer des réactions de peur, autant les bourdons du jardin bénéficient d’un regard bienveillant. Il est vrai que ces grosses boules de poils sont pacifiques. Mais si on ne doit pas les craindre, il faut néanmoins savoir qu'elles disposent d'un dard et qu'elles peuvent s'en servir si leur vie est en danger.

Contrairement à ce qui est souvent dit, les bourdons ne sont pas les mâles des abeilles mais bien des espèces à part entière dont plusieurs sont relativement communes dans nos régions. Comme leurs cousines les abeilles domestiques, les bourdons vivent en sociétés qui comportent une reine, des ouvrières et des mâles.

Ma vie est un royaume

Le bourdon qui butine les crocus du printemps est une reine. Cette femelle née l'année dernière a été fécondée à la fin de la belle saison. La petite colonie où elle a vu le jour a été anéantie par le froid et la faim mais notre reine a survécu à l'hiver, cachée dans un talus ou au pied d'une haie, plongée dans un sommeil léthargique. Dès les premiers beaux jours du printemps, elle est sortie de sa torpeur hivernale. Chaque journée ensoleillée a été mise à profit pour butiner les premières floraisons.

La reine a aussi recherché une ancienne galerie de taupe, un terrier de rongeur abandonné pour y fonder son nid. Elle l’a construit avec des brins d'herbe sèche, de la mousse ou des débris de feuilles. Quelques jours plus tard, elle a façonné un coussin avec le pollen rapporté au nid sous forme de grosses pelotes accrochées à ses pattes postérieures. La reine a pondu dans ce coussin et a recouvert ses œufs d'une protection de cire. Les œufs ont donné naissance à des larves qui ont consommé le pollen. Au terme de leur croissance, chacune a tissé son cocon. Ce n'est qu'après la naissance de ses premières ouvrières bourdons, très petites à cause du peu de nourriture disponible, que la reine a été enfin secondée dans son travail. Progressivement, elle ne s’est plus consacrée qu'à la ponte, les ouvrières assurant l'approvisionnement du nid en pollen et en nectar de fleurs, stocké dans de petites coupes de cire.

A la fin de l'été, le nid des bourdons pourra totaliser 150, voire 250 individus. C'est à ce moment-là que vont naître une série de jeunes reines et les mâles qui les féconderont. Dès l'arrivée des premiers froids, les ouvrières et les mâles mourront. Ne resteront en vie que les reines qui se cacheront pour passer l'hiver en léthargie et renouveler le cycle l'année prochaine.

 
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