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Mariages d’hellébores

Un sens aigu de l’observation, des pincettes, des années d’obstination… Thierry Delabroye hybride les hellébores et fait naître des plantes de toute beauté.



Durant les prochaines semaines, à Hantay, près de Lille, les voitures seront nombreuses à chercher un emplacement de parking dans le voisinage d’une petite pépinière. Sandrine et Thierry Delabroye cultivent des hellébores. Ces plantes fleurissant naturellement en février dans les parterres connaissent de plus en plus de succès et les jardiniers viennent de loin choisir l’une ou l’autre nouvelle nuance de couleur. “C’est un peu comme un apprenti sorcier qui se lance dans la génétique, l’hybridation et la multiplication que j’ai entrepris d’améliorer les hellébores, raconte Thierry.”

Avec des pincettes

Les hellébores appréciées pour leur floraison hivernale ont été formées par de multiples croisements entre différentes espèces dont l’Helleborus orientalis.
Chaque année, comme d’autres producteurs en Europe, Thierry poursuit dans sa pépinière ce travail d’hybridation. Pour croiser des hellébores, il enlève tout d’abord les étamines d’une fleur de la plante mère. Ensuite, avec une pincette, des étamines sont prélevées dans une fleur de la plante père. Le pollen des étamines est déposé sur le pistil de la fleur de la plante mère. S’il adhère, la fécondation est effectuée. Quand les fruits sont bien développés, Thierry les enferme dans des sacs de tulle pour ne pas risquer de perdre les semences libérées en été. Ces graines sont semées dans des pots en terre cuite et la germination dure six mois. Un an après l’hybridation, Thierry peut observer les premiers signes des mariages qu’il a effectués. “On remarque déjà des différences de vigueur. Des plantes sont plus hautes que d’autres.

Des fleurs noires

Les progrès sont lents car chaque processus de croisement, pour une nouvelle couleur par exemple, ne montre ses résultats qu’après trois ans de culture. “Je disposais d’une hellébore à fleur blanche avec un cœur pourpre. J’ai voulu l’améliorer en y ajoutant du pollen d’une fleur rose. J’ai ainsi obtenu, trois ans plus tard, cette fleur bordée de rose avec le cœur pourpre. Ensuite, j’ai décidé de changer le fond en prenant du pollen d’une couleur abricot. Voilà trois ans plus tard, ces plantes toutes différentes, avec le fond abricot.
Les hellébores noires proviennent de plantes pourpres très foncées. Le caractère le plus difficile à reproduire, c’est le cœur d’anémone. Des nectaires se sont transformés en pétales formant une colerette sous les étamines.


La loterie des gênes

En février, les plantes hybridées il y a trois ans fleurissent pour la première fois. Deux fois par jour, Thierry parcourt les serres tunnels pour découvrir au fur et à mesure de l’ouverture des boutons le résultat de chaque hybridation. “Quand on obtient vingt-cinq graines dans un fruit, elles donnent toutes naissance à des plantes différentes. Ce qu’on attend n’est pas toujours ce qu’on obtient. Il y a des surprises. Certaines sont simplement redevenues blanches, beaucoup ne sont pas meilleures que leurs parents mais celle-ci possède la nuance pastel que j’espérais…” Thierry est fier de ses hellébores à fleurs doubles. Ce caractère a pu être introduit dans l’hybridation grâce à la découverte dans la nature d’une hellébore présentant cette mutation. Le défi de Thierry pour les années à venir : obtenir des fleurs doubles dans toutes les nuances de couleurs y compris les formes veinées et tachetées.

Pépinière Sandrine et Thierry Delabroye, rue Roger Salengro, 40 à 59496 Hantay. Les horaires de journées de vente des hellébores sont communiqués via le répondeur téléphonique : 0033 (0)3 20 49 73 98.

 
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