Accéder au contenu Accéder au footer

Les perce-neige, les clochettes du renouveau

Bravant les gelées de février, les perce-neige renouvellent la promesse du printemps. Ces plantes tout en simplicité, figurant dans tant de jardins, rencontrent de plus en plus d’intérêt de la part des collectionneurs de variétés.



Année après année, avec une fidélité sans faille, apparaissent début janvier de fines pointes vertes hérissant la terre nue. Puis, lentement mais sûrement, les feuilles lancéolées se développent. Un beau matin, les fleurs sont là. Si le soleil se montre généreux, la fleur en forme de goutte blanche se transforme en une clochette épanouie, accueillant les abeilles qui profitent de la douceur pour rapporter un peu de pollen frais à la ruche. Le perce-neige (Galanthus nivalis) fait partie de notre flore indigène. On le rencontre dans la nature mais il vit surtout aux abords des maisons, bien répandu dans les jardins tout en simplicité de nos grands-mères. Rarement disponible dans les pépinières, le perce-neige est vraiment une plante à partager. Souvent, la touffe qui s’élargit au bord du sentier est le souvenir d’un parent ou d’un ami qui a offert quelques bulbes prélevés dans son jardin.

Collections

Outre Manche, les petites clochettes blanches bénéficient d’une attention toute particulière. Non seulement les jardiniers britanniques vouent un grand amour à ces floraisons qui bravent l’hiver mais ils collectionnent aussi les différentes espèces et cultivars de perce-neige. Les récoltes des botanistes de par le monde, suivies par un travail d’hybridation et de sélection, ont permis de donner naissance à plusieurs dizaines de perce-neige différents. Toutes ces plantes ont des feuilles en ruban et des fleurs blanches pendant en clochettes. Ce sont donc des particularités secondaires qui distinguent les espèces et les cultivars. Un perce-neige (Galanthus elwesii ‘Flore Pleno’) forme une fleur double qu’on peut déjà soupçonner de loin à la largeur de la corolle. Galanthus ‘Magnet’ possède un long pédoncule tout en finesse au bout duquel la fleur se balance sous le moindre souffle de vent. Un perce-neige s’appelle ‘Kite’, ce qui en anglais signifie “cerf-volant”. C’est sans doute à cause de ses longs pétales que ce perce-neige a ainsi été baptisé.

La plante de la patience

Les différents cultivars de perce-neige s’hybrident allègrement. Dès que deux types différents sont présents au jardin, il faut enlever les fruits en formation sous peine de voir apparaître par semis de nouvelles plantes combinant les caractéristiques des parents. À terme, les plantes originales risqueraient d’être perdues dans un joyeux mélange. Les passionnés de perce-neige ne peuvent donc compter que sur la multiplication végétative des bulbes pour augmenter la surface fleurie par un perce-neige déterminé. Le bulbe acheté dans une pépinière spécialisée forme après trois années de soins attentifs une petite touffe. Dès la fin de la floraison, les bulbes sont alors déterrés, séparés et replantés immédiatement de manière espacée. Dix ans et deux ou trois divisions plus tard, les perce-neige sont suffisamment nombreux pour pouvoir envisager de céder l’un ou l’autre bulbe à d’autres passionnés. Givrés les jardiniers anglais ? Pas du tout. À notre époque où la patience n’est plus de mise, respecter le rythme d’une plante qui a besoin d’années pour s’épanouir est sans doute une des plus belles manières de témoigner son amour de la nature.

Mariages de précoces

La passion des perce-neige telle qu’elle est vécue en Angleterre germe chez nous. Des plantes de collection ont fait leur apparition lors des foires de jardinage. Comment mettre en valeur nos perce-neige, communs ou curieux ? Il faut les marier avec les ellébores, ces plantes au succès grandissant car elles comblent aussi notre désir de revoir précocement des corolles. Si le temps est doux, le jardin sera délicieusement parfumé par les fleurs du sarcococca (Sarcococca hookeriana var. digyna), un arbrisseau de Chine encore peu connu qui fleurit en hiver. Les cyclamens coum épanouissent également leurs fleurs et leur feuillage décoratif sous la neige. Même précocité pour l’aconit d’hiver (Eranthis hyemalis) à la belle fleur jaune. N’oublions pas le noisetier dont les longs chatons libèrent des nuages de pollen sous le vent. À son pied, dans dix ou vingt ans, nos perce-neige formeront un large tapis blanc, le blanc qui annonce le printemps.

 
Remonter en haut de page Accéder au contenu