Radis et potirons, amis du climat
Nos lopins peuvent jouer un rôle important dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La quatorzième conférence de l’ONU sur le climat qui s’est déroulée à Poznan a ramené au premier plan de l’actualité l’urgence d’une action internationale pour contrer le réchauffement et ses conséquences. Au delà des grands accords, la nécessité de vivre autrement s’impose de plus en plus. Il faut revoir nos manières de se déplacer, de travailler, de se loger, de consommer et… de jardiner.
Dans ce dernier domaine, le monde de l’horticulture n’est-il pas en train de rater le virage de Kyoto ? Le réchauffement climatique est surtout perçu comme l’occasion de cultiver des espèces qui ne sont plus tuées par le gel durant nos hivers doux. Les palmiers, bananiers, oliviers et autres essences exotiques se multiplient dans les jardineries. Une des plus fortes tendances actuelles est la création de parterres ressemblant à des destinations de vacances lointaines. Les jardins sont des espaces clos où l’on peut oublier le stress de la vie quotidienne mais il serait triste qu’ils se révèlent aussi des bulles où l’on se coupe des réalités du temps.
La nécessité d’une vision plus complète
Les jardiniers plantent des oliviers mais il faut toutefois reconnaître que de grands progrès ont été accomplis sur le plan environnemental. L’emploi des pesticides est en net recul, les jardins s’ouvrent à la vie sauvage, la nécessité de réduire la consommation d’eau fait son chemin…
Malheureusement, du côté du bilan énergétique, les compteurs s’emballent. En plus de la tondeuse à gazon, la cabane à outils accueille de plus en plus d’engins. Les coupe-bordures à fil, les souffleurs ou aspirateurs de feuilles mortes, les taille-haie à moteur ne transforment pas seulement certains quartiers en enfers sonores chaque samedi de l’été mais ils consomment aussi essence et électricité. Il faut encore additionner les pompes qui tournent jour et nuit dans les pièces d’eau, l’éclairage des parterres, le chauffage des serres où les plantes exotiques les plus sensibles sont remisées durant l’hiver ainsi que l’emploi croissant de quantités de terreaux, terres de bruyère et couvre-sols dont on sait que faire des sacs en plastique.
Des légumes pour la planète
Quel serait le visage d’un lopin ami du climat ? Un grand potager ! Les espaces consommateurs d’énergie comme le gazon qui demande essence, engrais, produits anti-mousse, herbicides sélectifs sont réduits et remplacés par des parcelles à légumes. L’idée soutenue en Angleterre par des jardiniers vedettes est radicale. Accroître à l’échelle de toute la population la production personnelle de légumes peut avoir un impact non négligeable en matière énergétique.
En cette époque où l’on oublie les saisons, des aliments prennent l’avion parce que nous mangeons des princesses fraîches et des fraises en hiver. En ce siècle où l’on recherche les meilleurs prix de production, trop de légumes traversent l’Europe en camions frigorifiques. La chaîne du froid se poursuit ensuite dans les entrepôts, les espaces climatisés des grands magasins et nos réfrigérateurs. Une salade, quelques radis, une courgette récoltés au potager juste avant d’être cuisinés n’ont rien consommé. Car un potager bio peut se passer de tout intrant, pouvant parfaitement être fertilisé avec le compost produit au jardin.
Bien plus fondamentalement, les carottes, les choux et les potirons d’une parcelle ont un autre impact. Produire une part de ses légumes, c’est aussi cultiver une nouvelle vision de vie.
Semer la solidarité plutôt que de planter des oliviers.