campagnols au jardin
Dégâts. Des racines d'arbustes grignotées ? Des poireaux rongés ? Des carottes disparues ? Les campagnols sont arrivés ! Quelle déception !
Voilà enfin que les poireaux du potager parvenaient à un diamètre honorable pour une première récolte mais il n'en reste plus que des toupets de feuilles. Même désastre du côté des carottes, véritablement aspirées dans le sol. Il suffit de toucher un houx qui se fane pour voir l’arbuste vaciller : il n’a plus de racines. La jeune haie de hêtres plantée l'hiver dernier est réduite à l'état de baguettes. Le jardin est miné de galeries de rongeurs. Dans le gazon, dans les parterres, il y a des trous partout. C'est alors que des jardiniers sont pris d'un immense sentiment de découragement. Au point d'en pleurer. Leur enthousiasme, des heures de travail passionné, des budgets consacrés aux plantes, tout cela pour rien !
Les « rattes »
Qui ronge par le dessous les céleris raves, les bulbes des tulipes, les jeunes arbres fruitiers ? Les jardiniers accusent les mulots. À tort. Doté d’une longue queue, de grands yeux, d’oreilles bien visibles et d’un museau pointu, le mulot est un rongeur vivant surtout dans les fourrés. Les grignoteurs en sous-sol, ce sont les campagnols qui ont une queue courte, un museau busqué, des yeux et des oreilles peu visibles. Parmi les cinq espèces de campagnols vivant en Belgique, deux sont principalement responsables des dégâts constatés dans les jardins. Le campagnol des champs et le campagnol terrestre, deux fois plus gros, vivent dans des galeries et se nourrissent prioritairement des parties souterraines des plantes. Gare aux nouvelles constructions dans les lotissements ! Ce sont les jardins en bordure des champs et des prairies qui sont surtout attaqués. Ces milieux constituent d'immenses réservoirs de rongeurs avec des population pouvant atteindre 1000 individus à l'hectare. Ce n’est pas vraiment une consolation mais il faut savoir qu’il y a des années effroyables et d’autres durant lesquelles les rongeurs passent plus inaperçus. La population des campagnols, variant en alternance avec celle de ses prédateurs, culmine en moyenne tous les cinq ans.
Pièges et poisons
Les appareils à ultrasons sont décevants. Les trucs de répulsion qui fonctionnent vraiment comme l'épandage de tourteau de ricin ont une action limitée dans le temps. Les jardiniers qui ne veulent pas rester inactifs face aux dégâts se tournent donc souvent vers les graines empoisonnées du commerce à introduire dans les galeries. Mais les campagnols se nourrissent de végétaux frais tant qu'ils restent disponibles. Si les graines disparaissent, c'est parce qu'elles ont été stockées dans une poche souterraine en vue d'une éventuelle disette. Pour parvenir à empoisonner le campagnol, il faut garnir en sandwich un bout de carotte avec de la pâte empoisonnée vendue dans les jardineries. Mais le poison peut toucher d’autres espèces non visées et même empoisonner les prédateurs comme les rapaces nocturnes. Le nombre de pièges à pince vendus chaque année montre aussi à quel point les jardiniers ne veulent pas subir la loi des rongeurs. Mais les tentatives de piégeage sont rarement couronnées de succès car il faut parvenir à localiser les galeries de passage et à camoufler le piège pour que le jour ne pénètre pas dans le boyau éventré. Une capture ou un empoisonnement n'est toutefois qu'une maigre victoire. En période de pullulation, la pression démographique des rongeurs est telle que le territoire libéré est rapidement réoccupé.
Arbre en cages
Faut-il subir les ravages des rongeurs sans une véritable possibilité de réaction ? Le Centre de recherches agronomiques de Gembloux propose une technique pour la plantation des arbres fruitiers qui sont des cibles privilégiées pour les campagnols. Un grand sac de treillis galvanisé à mailles fines est déposé dans le trou de plantation. Ce sac enfermant les racines est serré autour du tronc afin que les rongeurs ne puissent pas pénétrer via la surface dans la fosse de plantation. Ainsi protégées, les racines peuvent se développer. Après quelques années, le treillis rouille, se désagrège et les racines s'étendent plus loin dans le sol. A ce stade, les dégâts des campagnols peuvent être supportés. Les racines sont suffisamment nombreuses. La vie de l'arbre n'est plus en péril. La technique du treillis peut aussi être mise en place lors de la plantation d'une haie. On forme alors une gouttière de grillage dans la tranchée de plantation. Au potager, les gouttières de grillage peuvent aussi protéger les légumes racines.
Merci, l'hermine
Nous pouvons également favoriser les prédateurs des rongeurs. Un mât avec une latte horizontale constitue un perchoir pour l'affût des rapaces nocturnes. L’hermine qui fréquente les jardins est une grande chasseresse de campagnols. Ils peuvent constituer jusqu’à 95 % de son régime alimentaire. Sa présence peut être favorisée en installant au jardin un tas de rondins ou un tas de grosses pierres qui constitueront une possibilité de gîte. Heureux les jardiniers qui bénéficient des visites d’une hermine. Leurs témoignages le confirment : il est possible de jardiner sans subir les dents du dessous.