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Laboureurs par milliers

Dans la plus grande discrétion, les lombrics aèrent les parterres et enrichissent le sol d’humus.




lombricAimez-vous les vers de terre ? La question suscite plus de grimaces que de sourires. Serait-ce parce qu’ils rampent comme les serpents que les lombrics sont mal-aimés ? Même des jardiniers qui cultivent un contact étroit avec la nature n’osent pas les prendre en main.

Voilà pourtant des animaux essentiels pour la qualité du sol. Une parcelle de jardin contient en moyenne 2 500 vers de terre par are. À raison d’un demi-gramme par lombric, cette population souterraine représente une masse d’un bon kilo. Un kilo de vers sans cesse en train de creuser des galeries en tous sens, grâce à une belle puissance musculaire et de minuscules poils.

Des vers à soies

Il suffit de passer le doigt sur le corps du ver pour les sentir.  Les nombreux segments annulaires du lombric portent des soies solidement implantées dans la peau. C’est sur ces soies que le ver prend appui pour ramper. Comment un lombric parvient-il à voyager dans le sol ? Il écarte des particules de terre avec sa tête et en avale d’autres grâce à sa bouche suceuse. La terre transite par le tube digestif avant d’être rejetée à l’arrière du corps. Au passage, la matière organique aura été digérée.

On peut souvent observer, dans les pelouses rases, de fins boudins de terre enroulés sur eux-mêmes. Ce sont des déjections de lombrics qu’il suffit de balayer avec une brosse de rue si elles sont esthétiquement gênantes. En voyageant dans le sol, le lombric n’accomplit pas seulement un travail d’aération. Le fait de venir rejeter ses déjections à la surface crée un mouvement ascendant de la terre. Les lombrics rapportent ainsi à la surface les nitrates de nos engrais qui sont progressivement lessivés par les pluies.

Demi-vers

Lorsqu’on les coupe en deux lors d’un bêchage, les demi-lombrics forment-ils de nouveaux individus ? Pas du tout. Contrairement à la croyance populaire, les lombrics n’ont pas le pouvoir de se multiplier comme une plante se bouture. Ils ont un devant et un derrière. La partie qui contient la tête pourra peut-être survivre mais l’autre est inexorablement vouée à la mort. Tous les jardiniers qui pensent multiplier leurs lombrics à coups de bêche ne font en fait qu’appauvrir leur sol.

Délicieuses feuilles mortes

Les jardiniers qui étendent au potager et dans les parterres une couverture de paille, de feuilles mortes ou de tontes de gazons entre les plantes ne limitent pas seulement l’assèchement du sol et le développement des herbes indésirables. Ils favorisent aussi le travail des vers de terre qui viennent incorporer petit à petit cette litière. Les lombrics sont en effet des gourmands. S’ils se nourrissent de matière organique au passage en creusant leurs galeries, ils aiment aussi venir récolter des végétaux en décomposition à la surface du sol.

Avec l’extrémité du corps toujours ancrée dans sa galerie, le ver de terre vient attraper un morceau de feuille morte pour l’entraîner dans le sol. Il n’en consommera qu’une partie, le reste se décomposant ensuite rapidement. Un parterre recouvert de déchets végétaux en automne est retrouvé parfaitement meuble au printemps, avec le sol enrichi d’humus. Le bêchage qui abîme souvent des racines n’est plus nécessaire. Merci les vers de terre !

 
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