Créer une rose
Issues de croisements effectués par les sélectionneurs, de nouvelles roses naissent chaque année. Ce travail d’hybridation peut aussi être réalisé au jardin. La création d’une nouvelle rose, unique, est à la portée de chacun.
Dans Les Bijoux de la Castafiore, Hergé permet au Professeur Tournesol la réalisation de deux inventions. Si la mise au point du téléviseur en couleurs n’est pas (encore) parfaite, la seconde création est une belle réussite : une rose d’un blanc idéal, éclatant et immaculé, présentant une forme parfaite et offrant un parfum exquis. Comment Tournesol a-t-il pu réaliser un tel prodige ? En appliquant les techniques d’hybridation des créateurs de roses. À l’heure où les rosiers du jardin débutent leur floraison, pourquoi ne pas nous lancer nous-aussi dans cette grande aventure ?
Faucher les étamines
Une rose peut parfaitement se féconder elle-même. Pour éviter cette pollinisation directe, les étamines de la rose mère sont coupées avant leur maturité à l’aide de fins ciseaux. Parallèlement, nous choisissons la rose père dont les étamines sont coupées et récoltées dans une petite boîte en plastique (une boîte pour film photo, par exemple). Ouverte, la boîte est placée au frigo jusqu’au moment où le pollen arrive à maturité. Il tapisse alors les parois de la boîte. En fonction des variétés, cette maturation exige parfois plus d’une semaine de patience.
Prélevé avec une petite plume, le pollen est déposé sur les stigmates de la rose mère. Il faut ensuite placer un repère (un brin de laine coloré, par exemple) pour retrouver avec certitude la rose fécondée. Le cynorhodon sera récolté avant qu’il ne devienne blet. Les graines sont alors extraites et semées rapidement.
Pour le semis, un pot au fond garni de gravier pour un bon drainage est rempli de terreau fin. Les graines sont déposées à la surface du terreau. Vient ensuite une couche de deux centimètres d’un mélange de sable grossier et de fin gravier. Le pot est protégé par un grillage qui empêchera les rongeurs de venir grignoter les graines. Laissé à l’extérieur, le semis affrontera les pluies, le gel et même la neige.
En avril, les graines germent et les jeunes rosiers apparaissent. Repiqués en pleine terre au début de l’été, ils dévoileront leurs caractéristiques dès l’année suivante. Comme chez les sélectionneurs professionnels, beaucoup de jeunes rosiers se révéleront quelconques. Mais dans le lot pourrait parfaitement se cacher un rosier dont la couleur des pétales, la forme de la fleur ou le parfum vous séduiront. Comme ce nouveau rosier est unique, il ne vous restera plus qu’à lui trouver un nom. Pour sa rose, le Professeur Tournesol avait choisi ‘Bianca’.
Créativité naturelle
Il ne faut pas nécessairement féconder soi-même des roses. Les abeilles et les bourdons du jardin sont à tout instant des vecteurs de pollen. Nous pouvons donc nous contenter de semer des graines récoltées dans les cynorhodons de nos rosiers favoris. Les rosiers qui naîtront exprimeront la simple créativité de la nature. Elle peut aussi façonner des merveilles.